Un blog de philosophie quotidienne

L'ironie est utile et permet de dénoncer des situations de fait qui autrement deviendraient insupportables. La réflexion est nécessaire, au quotidien, même quand on va faire ses courses au supermarché.
Voyons donc quelle philosophie du quotidien est réclamée des consommateurs que nous sommes tous devenus.

lundi 10 octobre 2016

Pas d'étiquettes à Carrefour

La loi impose que les produits proposés à la vente soient dotés d'une étiquette, indiquant le prix, et donnant d'autres informations comme le prix au kilo. Il s'agit de protéger le consommateur en lui permettant d'acheter au juste prix.

Le magasin Carrefour de Sainte-Clotilde prend la loi avec une grande légèreté. Et cela depuis des années. Mais je crois bien qu'en ce moment on bat des records. Il y a quantité d'étagères sans prix. Des produits sont systématiquement mis en rayon en omettant leur prix.
Comment ne pas voir qu'il s'agit d'une stratégie commerciale. Tant que les consommateurs ne se rebellent pas. Ou que les services de l'Etat ne font pas leur travail avec zèle... mais pourquoi donc se gêner ?

Voici une première illustration, d'un produit curieusement pas affiché, des paquets de filtres à café N° 4, de couleur blanche de la marque Carrefour :


Oui il y a un prix fourni : pour les paquets de 40 filtres à 0,40 euro. Mais pas pour les paquets de 80 filtres de la même marque et de la même qualité, à gauche sur la photo. Renseignement pris à la borne de prix, le paquet deux fois plus épais ne coûte pas 0, 80 euro ou moins, comme ce serait logique, mais 0,99 euro ! Pas mal la différence !


C'est comme cela que Carrefour comprend son fameux "bouclier qualité-prix" ! Eh oui, là les responsables ont mis des étiquettes, en rafale, en rouge pour faire plus beau. Tout cela pour faire croire que le magasin protège le consommateur. Bonne blague. "Bouclier qualité-prix" signifie visiblement des ristournes pour quelques produits choisis comme les paquets de 40 filtres, et le coup de bambou pour tous les autres, à commencer par les paquets de 80 filtres. Mais alors il faut cacher les choses et oublier de mettre des étiquettes !

Voici un second exemple tout aussi démonstratif. Je vous laisse découvrir les autres ; ils sont légion, dans tous les secteurs de vente sans exception.
Cette fois c'est le rayon des produits laitiers, crèmes et yaourts.

Quand il s'agit de produits chers, vendus par deux, comme des yaourts au lait de brebis, des faisselles au coulis de fruits rouges... il n'y a aucun prix affiché.
Le jeu, c'est de deviner. Comme c'est pas si facile, je vous aide, c'est entre 4 et 10 euros.


Mais plus bas, pour les produits moins chers, flans au chocolat ou à la vanille par lots de 6 ou 12, tous les prix sont affichés.
Ce doit être le pur effet du hasard. Le responsable du rayon tout à coup a eu un malaise ou un trou de mémoire. Pas de pot (c'est le cas de le dire) !


Un peu plus loin, au rayon des pains de mie et brioches, je vois un monsieur qui remplit les étagères et met des étiquettes de prix. Alors je le salue et le remercie pour l'affichage. Il me répond du tac au tac :
"Oui, c'est moi qui mets les prix, mais je ne suis pas du magasin. Je suis commercial pour cette marque de pain de mie. Plusieurs clients viennent de me demander le prix de ces paquets ou celui de ces produits d'une marque concurrente. Pas contents." 
Je lui fais remarquer que je ne l'ai pas agressé mais remercié ! Il poursuit donc. "C'est comme cela tous les jours. Ils arrivent avec leur palette (il désigne au rayon lait, en face, un nouveau produit : des briques de lait bio), mettent leurs produits en rayon et ne mettent bien sûr pas les prix."
Comme par hasard il désignait les produits les plus chers. Comme quoi c'est systématique et pas concerté. 

On est d'accord. Il y a quelque chose qui ne va pas au Carrefour Sainte-Clotilde. Prend-on les Réunionnais pour des cons ? 

dimanche 20 octobre 2013

Courriel à destination de l'antenne Nord de l'UFC-Que choisir ?


"Vous êtes victimes ou témoins d'abus ,de malversations, de tromperie,... écrivez nous en expliquant succinctement ce que vous avez constaté. Vos témoignages permettront aux associations locales UFC-QUE CHOISIR et à la Fédération de mieux analyser le caractère (répétitif, exceptionnel, accidentel,...) des situations rencontrées dans vos actes de consommation, d'usagers ou de contribuables.
Cliquez dans la partie droite de la fenêtre sur "
je signale un abus".
http://www.ufcquechoisir-lareunion.org/2_5reflexe_conso.php

J'ai cliqué ! Copie du courriel envoyé à L'Union Fédérale des Consommateurs - île de La Réunion

Mon premier interlocuteur

Le 20 octobre 2013
Bonjour,

je viens d'ouvrir un blog dédié à la protestation et, du moins je l'espère, à la défense du consommateur réunionnais.
Pour le moment, l'angle d'attaque que j'ai retenu est la dénonciation des fausses promotions du type "dans ce lot un paquet gratuit". Quand on fait le calcul on découvre que le lot est vendu avec une remise, mais pas avec une remise suffisante pour couvrir le prix du paquet "gratuit". Procédé de vente qui, systématiquement, trompe le consommateur, au point qu'il est possible de parler d'arnaque. Ailleurs, en métropole, dans d'autres pays, je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai l'impression que sur notre île ce procédé est généralisé. Avec ces ventes de lots contenant un produit gratuit, il y a toujours publicité mensongère au moins, tromperie concertée sur les prix, au pire.
Voici l'adresse du lien vers le blog, sa première page, au cas où vous voudriez en prendre connaissance. J'y expose la mésaventure qui a déclenché la création du blog, qui est sans doute très révélatrice.

Si j'ai oublié de me présenter en commençant ce courriel, c'est que je suis un simple citoyen, n'intervenant dans cette affaire qu'en raison d'une sorte de ras-le-bol. Mais peut-être pourrons-nous faire plus ample connaissance par la suite.
Je suis dors et déjà très intéressé par votre avis. Avez-vous déjà été alerté par ce que je dénonce ? Avez-vous déjà mené des actions auprès des commerces de l'île pour venir à bout de ces ventes promotionnelles trompeuses pour le consommateur ? Pensez-vous qu'il faille prendre ce problème en considération ?
Cordialement, Stéphane Gombaud

samedi 19 octobre 2013

Samedi 19 octobre, j'ai fait mes courses au Jumbo Score de Sainte-Marie

- Papa, pourquoi est-ce qu'on s'arrête là ?
Mes deux filles veulent savoir pourquoi je me suis arrêté à l'accueil du supermarché Jumbo Score (Cora Duparc), alors que nous venons de terminer nos courses et n'avions plus qu'à pousser le chariot jusqu'au parking où nous attend notre voiture.
- C'est parce que je dois faire une réclamation.
La réponse semble suffire à mes filles, peut-être parce qu'elles me savent parfois fantasque, capable de faire des choses qui dépassent leur compréhension.

Attente de trois minutes, puis c'est mon tour.
- Bonjour, je viens protester.
Curieuse façon de débuter. La personne de l'accueil me demande des explications, que je lui fournis immédiatement.
- Je viens d'acheter ce pack de six bouteilles d'eau. Le prix du pack affiché est de 5, 95 euros. Le prix à l'unité est de 1, 20 euros. Sur le pack il est indiqué "une bouteille gratuite. Et on m'a fait payer 6, 56 euros !
Mon interlocutrice a saisi le problème.
- C'est que votre pack provient des promotions de la semaine dernière !
- Des promotions à 6, 56 alors qu'aujourd'hui sans promotion le pack est à 5, 95 ?
- Passez à la caisse centrale, faites-vous rembourser votre pack et achetez un nouveau pack à 5, 95.

L'eau de la discorde

Curieusement je refuse cette solution. Et commence à élever le ton... en faisant plus mine de m'énerver qu'en m'énervant réellement. Depuis deux semaines je prends des cours de théâtre à La P'tite Scène, alors je profite de l'occasion pour m'exercer un peu.
- Comment ? j'ai droit à une bouteille gratuite et vous voulez quand même me faire payer 5, 95 ?
Désemparée, mon interlocutrice appelle du renfort. Arrive un homme qui se tenait en retrait à côté des vigiles du magasin.
- C'est quoi votre problème ?
Le balourd n'a pas voulu me dire bonjour. Et bien sûr c'est moi qui ai un problème. Je débite à nouveau mon explication. Lorsque j'ai fini, mon interlocuteur  se contente de dire : "Venez."

Je le suis. On se rend bien sûr à la caisse centrale. Là il s'adresse à la caissière, lui demande d'effectuer un remboursement. La bouteille valant à l'unité 1, 20 euros le lot ne coûte que 6 euros et il faut me rembourser la différence.
Estomaqué je réagis seulement en disant que le prix du pack ordinaire est à 5, 95.
- Bon, faites-lui le remboursement sur 5, 95.
Et le chef tourne les talons. Peut-être heureux de lui. Car c'est une bonne journée qui se poursuit pour lui, avec un emmerdeur de plus traité comme de la merde !

Mon remboursement

La caissière me rembourse les soixante et un centimes qu'on lui a demandé de déduire de ma facture.
Quant à moi je plane toujours. Cela fait des années que je connais l'indélicatesse des supermarchés de l'île de La Réunion. Ils excellent dans deux domaines seulement : l'arnaque au lot qui contient un produit gratuit qui ne l'est jamais ; le produit remboursé sur présentation du ticket de caisse, offre réservée à la métropole. Mais là, je viens d'expérimenter autre chose, la bataille du pot de terre contre le pot de fer.
Une de mes filles me questionne à nouveau :
- Tu as gagné 61 centimes. Est-ce que cela valait le coup ?

Nouveau désarroi. Comment répondre ? J'ose la réponse qui me vient d'abord à l'idée. Mais ce n'est guère qu'une justification ad hoc :
- Oui cela valait le coup. Il ne faut pas toujours se laisser faire. Et pense à tous les consommateurs qui avant moi se sont fait voler. Combien ont cru qu'ils avaient acheté un lot avec une bouteille gratuite et se sont fait avoir ? 

En repassant devant les vigiles je m'adresse une dernière fois au chef.
- Je vais créer un blog intitulé "j'ai mes courses au supermarché Cora de Sainte-Marie" où je raconterai mon histoire.
La réponse fuse.
- Je ne lis pas les blogs.

Ce blog est issu d'un coup de tête. Mais les idées qui vont prochainement y être défendues sont mûries depuis des années. Il va s'agir d'expérimenter le pouvoir du citoyen à s'opposer à une machine qui le broie.
Si je fais le bilan. Pour le moment, j'ai été remboursé de 61 centimes sur mon pack de bouteilles. J'ai perdu un quart d'heure. Une personne s'est adressé à moi de manière impolie. Elle m'a traité avec morgue, même si je ne suis pas sûr qu'elle connaisse le sens du mot. Sa certitude doit être la suivante, si j'ose entrer dans sa tête et scruter sa mentalité : jamais rien de pénible ne m'arrivera, ni à moi, ni à mon entreprise. Mon chef pourrait même me remercier ! Et nous pourrons toujours continuer à faire nos "petites affaires". Qui portera jamais plainte pour 61 centimes ? Cet emmerdeur qui réclamait et que j'ai mouché, il n'est pas prêt d'y revenir... la prochaine fois, il se demandera "est-ce que cela vaut vraiment le coup ?". 

Oui.
Je demande des excuses auprès du magasin Cora et plus encore !.Pour le moment, on m'a remboursé un trop perçu de 61 centimes. Mais si j'ai acheté un lot contenant une bouteille gratuite, que les six valent 5, 95 euros, alors Jumbo Score me doit encore 0, 99 euros. Et ce vol commis délibérément  - "vol"ou  appropriation de mon argent par un tiers sans mon consentement lors d'un passage en caisse -  doit être sanctionné d'une manière ou d'une autre.
Ce n'est absolument pas normal qu'un magasin décide de ne pas appliquer la règlementation en vigueur, feigne de ne pas la connaître, méprise ouvertement les consommateurs voulant son application.

Ma facture authentifiant le vol commis par Cora Sainte-Marie

Que faire ?
Un peu d'imagination souffle quelques réponses : se renseigner, communiquer et poursuivre l'action dans une direction revendicatrice en fonction des conseils recueillis et des idées qui ne manqueront pas de venir. D'une certaine façon, le projet de ce blog de défense du consommateur est celui d'un lanceur d'alerte, même si l'alerte en question ne concerne apparemment qu'une égratignure au contrat social et à l'état de droit. Parce que cette petite blessure est en réalité très symbolique de la façon dont des puissants imposent leurs pouvoirs contre les simples citoyens.
Ainsi, par exemple, je m'adresserai prochainement à la DGCCRF, puisque, à suivre les précisions de son site :
"La DGCCRF vérifie en particulier :
  • la bonne application des règles relatives à l'information sur les prix des produits et des services 
  • la remise au client de notes détaillées s'agissant des services 
  • la licéité des contrats ou des pratiques commerciales réglementées 
  • démarchage, vente à distance, crédit, voyages à 
  • forfait, multipropriété… 
  • la véracité des publicités et la loyauté des ventes promotionnelles."

http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/consommation/Pratiques-commerciales

Et je ne manquerai pas de vous tenir au courant de ces entretiens, courriers adressés aux responsables politiques, associations représentatives, amis et personnalités de l'île. L'aventure commence !

Voici, au passage, pour rafraîchir la mémoire du butor du Jumbo Score qui ne sait ou ne veut pas dire "bonjour" et de quelques uns de ses collègues responsables des rayons ou des relations avec la clientèle, le texte du site de la DGCCRF que je vais demander d'appliquer dans tous les points de vente de l'île :
" Sauf dans certains cas spécifiques, la réduction doit être calculée par rapport au prix le plus bas pratiqué pour un article ou une prestation similaire, dans le même établissement de vente au détail ou site de vente à distance, au cours des trente derniers jours précédant le début de la publicité."
http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Annonce-de-reduction-de-prix